À Gaza, six mois de souffrances pour la population

Par  Jean-Michel Demetz

Publié le 17/04/2024 à 07h31
Mise à jour le 17/04/2024 à 11h13

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Six mois de souffrances
© AFP

Outre les destructions de leurs maisons et des bâtiments publics, les civils font face à la famine qui pointe (ici à Rafah, au sud de la bande de Gaza) .

Cet article est paru dans le magazine Le Pèlerin - Abonnez-vous

Le conflit entre Israël et le Hamas émeut par sa violence. Pour des résultats à ce jour incertains.

Mission accomplie ? Moins de six mois après avoir lancé, le 27 octobre 2023, ses brigades à l'assaut de Gaza, l'armée israélienne a procédé au retrait immédiat de ses troupes du sud de la Bande, le 6 avril. Ce tournant dans le conflit débouchera-t-il sur un cessez-le-feu, sinon la fin des combats ? Trop tôt pour l'affirmer. Mais ce point d'inflexion permet d'établir un premier bilan de la quatrième guerre de Gaza en vingt ans, après les opérations Pluies d'été ( juin-novembre 2006), Plomb durci (décembre 2008-janvier 2009) et Bordure protectrice (juillet et août 2014) depuis l'évacuation du territoire par l'État hébreu en 2005.

Au lendemain des massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par des terroristes du Hamas (1 160 morts), l'opération Glaive de fer s'était donné pour but d'« anéantir » l'organisation islamiste palestinienne qui gouverne Gaza. Jamais autant de réservistes (360 000 au total) n'ont été rappelés depuis la guerre du Kippour en octobre 1973. Tsahal entend châtier les responsables du massacre et détruire les stocks de roquettes d'origine iranienne ou artisanales qui s'abattent sur Israël. Qu'en est-il ? « D'un point de vue militaire, le Hamas est vaincu, jugeait le ministre Benny Gantz, le 10 avril. Ses combattants ont été éliminés ou se cachent. Ses capacités sont réduites. ». Tsahal évalue à 12 000 le nombre d'ennemis tués (contre 260 dans ses rangs). L'essentiel des postes de commandement, des caches d'armes, des tunnels du Hamas ont été mis hors d'usage. Pourtant, la plupart des chefs militaires de Gaza ciblés par le renseignement israélien courent toujours. Et 129 otages restent captifs.

De lourdes séquelles non sans conséquences

Le bilan des destructions à Gaza est colossal. Un rapport d'étape de la Banque mondiale évalue à 26 millions de tonnes le volume des décombres des constructions rasées : il faudra des années rien que pour les enlever. Fin janvier déjà, on estimait à 62 % le nombre d'habitations détruites, totalement ou en partie. Et aujourd'hui ? Et puis, bien sûr, il y a les morts civils. Plus de 33 000, dit le Hamas. En majorité des civils mais dans quelle proportion ? Et parmi eux, combien de milliers de femmes et d'enfants ? Sans parler des orphelins. L'Unicef estime à 17 000 le nombre de mineurs livrés à eux-mêmes.

Ce bilan humain effroyable, malgré les indéniables précautions souvent déployées par Tsahal, a mis à mal l'image de l'État juif dans les opinions publiques à l'étranger. « Il commet une erreur, je ne suis pas d'accord avec son approche », a commenté, la semaine dernière, le président américain Joe Biden, en parlant du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Dans la région, l'Arabie saoudite, prête à engager un partenariat stratégique avec Israël, ne peut plus signer, à moyen terme, un accord de paix : la rue arabe ne le tolérerait pas.

Par la violence de sa riposte, Israël, et c'était sans doute son but de guerre premier, voulait rétablir sa dissuasion, mise à mal lors de la stupéfiante faille des services de sécurité, le 7 octobre. Reste à voir si le drame de Gaza aura préservé Israël d'une nouvelle attaque ou nourri le ressentiment de générations sacrifiées assoiffées de vengeance.

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